La modestie reste de mise en matière de prévisions météorologiques

Louis Bodin, ingénieur-prévisionniste-météorologue et présentateur de la météo sur la station de radio RTL et sur TF1. Crédit photo : Mathieu LECOURTIER/Média&Agriculture

"La normalité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain", affirme Louis Bodin, ingénieur prévisionniste météorologue et présentateur de la météo sur la station de radio RTL et sur TF1, lors de l’assemblée générale 2021 de l’union de coopératives Novagrain. Il complète immédiatement: "Je ne parle plus de normales dans les bulletins météo que je présente désormais. Les variations de températures interannuelles sont trop importantes pour parler de normalité."

D’ailleurs, dans le contexte de changement climatique actuel, "il est moins question d’adaptation à une augmentation lente des températures d’années en années qu’à l’appréhension des variations de températures et de pluviométrie d’une année à l’autre". De plus, l’ingénieur météorologue invite chacun, lui le premier, à rester modeste dès qu’il s’agit de météorologie. Il prend l’exemple des simulations du Giec calculant la hausse probable des températures futures… Si le sens de la pente est inéluctable, l’incertitude est grande quant à l’ampleur de l’augmentation.

La difficile analyse d’El Niño et de La Niña

La modestie est également de mise pour les prévisions météorologiques. Louis Bodin les estime "fiables entre vingt-quatre heures et sept jours. Au-delà, les spécialistes ne savent pas faire… Au-delà, il s’agit simplement de répondre à une attente du consommateur. À court terme aussi, les prévisionnistes ne savent pas encore tout à fait faire. Les prévisions à quelques heures, voire à la demi-journée, sont loin d’être fiables, mais nous espérons des améliorations dans les cinq prochaines années".

Pour ce qui est de la précision spatiale, le météorologue affirme qu’il est difficile de proposer mieux que l’échelle départementale. Des travaux sont en cours pour la réduire à l’échelle d’une vallée. Si les premiers résultats existent, ils ne sont pas encore diffusables et loin d’être consolidés. Le prévisionniste cite également deux phénomènes bien connus des adeptes des marchés des matières premières agricoles: El Niño (températures anormalement élevées de l'eau dans la partie est de l'océan Pacifique Sud) et La Niña (température anormalement basses des eaux de surface de l’océan Pacifique Centre et Est). Aujourd’hui, "les scientifiques n’en sont qu’à émettre des hypothèses sur les raisons de leur survenue et quant à leur impact sur les conditions climatiques du globe. Nous ne savons pas les analyser en somme".

La science de la météorologie encore jeune

Est-il seulement possible de mettre en équation toute la météorologie du globe? La question reste ouverte et s’explique en partie par la jeunesse de la discipline à l’échelle de la planète…

Les premières traces de témoignages sur "le temps qu’il fait" remontent à 2.000 ans. Les premiers relevés scientifiques datent de 1870 et les premières images satellites de 1961. Avec une science aussi jeune, "il n’est pas rare d’observer des erreurs de prévision qui vous remettent vite à votre place en tant que prévisionniste". Retour à la modestie, alors que "la société voudrait que la météo soit à son service".

Or, pour travailler en harmonie avec la nature, il vaut mieux l’écouter, que d’essayer de la dominer. Elle peut de toute façon et à tout moment vous rappeler à votre place par des évènements extrêmes. Un mal de toute façon nécessaire... Louis Bodin prend l’exemple des cyclones: "Nous en avons besoin pour respirer sur terre. Ils permettent un brassage de l’air chaud venant de l’équateur avec l’air froid venant des pôles!"

Des changements pour les générations futures

L’impact de la météo sur les humains est proportionnellement moins important qu’il n’a pu l’être. Un phénomène météo engendre moins de pertes humaines directes et indirectes que par le passé. "Il faut savoir que la météo, hors périodes de guerre, est le phénomène qui a le plus fort impact sur la vie de l’homme de tout temps."

Le météorologue n’oublie pas que l’augmentation de la démographie et la concentration des populations dans certains bassins de vie engendreront à l’avenir "des dégâts plus importants pour un nombre de phénomènes météorologiques égal, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les assureurs !" Quoi qu’il advienne du nombre et de l’intensité des phénomènes météorologiques, l’ingénieur prévisionniste estime que les effets de toutes les actions visant à ralentir le changement climatique mises en place par la génération actuelle ne pourront être observées que par les générations futures.

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