La filière betterave appelle les néonicotinoïdes à la rescousse

En date du 29 juillet 2020, 35 % des betteraves semées en France étaient touchées par le virus de la jaunisse. Cela concerne toutes les zones de production. Les planteurs de betteraves devraient perdre entre 700 et 1 000 euros/ha, ce qui représente, pour l’ensemble des planteurs, une perte comprise entre 150 et 200 millions d’euros, sans parler des répercussions pour l’industrie sucrière. En effet, il est estimé qu’avec le niveau d’infestation actuel,  entre 600 et 800 000 tonnes de sucre de moins seront à produire pour les sucreries lors de cette campagne.

« Nous sommes à la veille de perdre un fleuron de l’industrie agricole française », craint Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la région Hauts-de-France chargée de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la bioéconomie, en évoquant le secteur de la betterave. « La filière est en danger à court terme, estime-t-elle, car de nombreux planteurs se questionnent sur l’intérêt de semer à nouveau des betteraves au printemps 2021. » Or, leur décision sera prise dans les prochaines semaines, quand ils caleront leur assolement pour la prochaine campagne. « C’est donc dès aujourd’hui qu’il faut leur proposer de la visibilité sur les prochaines campagnes », juge Franck Sander, président de la CGB.

Le retour des néonicotinoïdes… temporairement ?

Ce que demandent la filière et les trois Régions les plus concernées par la culture de la betterave (les Hauts-de-France, le Grand-Est et la Normandie), c’est une dérogation de l’État à l’interdiction des néonicotinoïdes en enrobage de semences de manière transitoire en cette période de crise sanitaire pour la culture. Ce ne serait ni plus ni moins que rejoindre 14 des 19 pays producteurs de betteraves de l’Union européenne qui autorisent par dérogation l’utilisation des néonicotinoïdes pour l’enrobage des semences de betteraves.

Le temps politique n’est pas le même que celui de l’agronomie ou même de la recherche. Une mesure dérogatoire pour les neonicotinoïdes n’est qu’un moyen de soutenir la production de betteraves en France, en attendant que la recherche propose des alternatives efficaces pour lutter contre le virus de la jaunisse. La recherche variétale pourrait donner des résultats probants d’ici cinq à sept ans. En ce sens, la filière est prête à faire des concessions sur l’utilisation des néonicotinoïdes. À savoir qu’elle veut bien s’engager à ce que les planteurs de betteraves ne sèment pas de cultures mellifères lors de la campagne qui suit l’arrachage des betteraves pour éviter le risque que les abeilles butinent le moindre résidu de néonicotinoïdes. Aussi, la filière est-elle prête à réduire la dose totale appliquée sur la semence. « Nous savons qu’il s’agit d’une solution temporaire et transitoire, note Franck Sander. Nous pouvons donc prendre le risque de sélectionner des résistances dans les populations de pucerons à moyen terme. »

Le ministre de l’Agriculture a très récemment affirmé sa détermination à ne pas laisser tomber la filière de la betterave. Plutôt qu’une vaine perfusion, cette dernière préfère une solution technique, même transitoire, lui laissant le temps de trouver de nouveaux moyens techniques.

 

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