Intensifier le couplage animal-végétal : un atout pour le revenu et l’environnement

Les systèmes plus couplés sont plus économes et autonomes, donc moins dépendants des aléas du marché et de la météo. Photo : D. Bodiou/Pixel6TM

Malgré le constat de bénéfices reconnus, les performances des systèmes de polyculture-élevage (PCE) font l’objet de controverses. En effet, les stratégies des exploitants reposent plutôt sur les économies d’échelle, et non sur les complémentarités (ou couplages) des ateliers animaux et végétaux. Le projet RED-SPyCE (Résilience, efficacité et durabilité des systèmes de polyculture-élevage) a étudié l’évolution quantitative des systèmes de PCE sur la période récente et leurs perspectives dans un avenir proche par un travail de prospective à l’horizon 2030.

"Les objectifs du projet étaient d’améliorer les performances de polyculture-élevage (PCE) en faisant atout du couplage culture-élevage, de contribuer à la durabilité de ces exploitations grâce à des références et outils nouveaux, et d’accroître la pérennité de la polyculture-élevage", explique Pierre Mischler, chef de projets à l’Institut de l'élevage.

RED-SPyCE, qui a impliqué 60 agriculteurs et 9 conseillers réseaux Inosys ou Civam dans six régions, a ainsi étudié l’effet du couplage sur les performances économiques, environnementales et sociales (avec un point d’attention sur le travail) des exploitations, et la résilience de ces systèmes. Il s’agissait également d’effectuer un état des lieux des connaissances, des outils et démarches existants et des besoins en matière de conseil. La finalité de ce projet, centré sur l’échelle de l’exploitation agricole, est de contribuer à l’amélioration des performances des systèmes de polyculture-élevage, tout en répondant aux attentes des agriculteurs de pouvoir mener une existence plus confortable.

Des charges opérationnelles réduites d’environ 25%

"L’analyse de la base de données Inosys Réseaux d’élevage a permis de montrer qu’accroître le couplage entre animaux et végétaux dans une exploitation atténue les aléas économiques et météorologiques, maintient au minimum un revenu à l’agriculteur, et permet une efficience environnementale", indique Pierre Mischler.

En effet, ces systèmes plus économes et autonomes rejettent moins d’azote dans le milieu (l’excédent d’azote est réduit de 70 %), consomment moins de produits phytosanitaires dans les cultures (- 35 %) et de carburant (- 25 %). Ils sont aussi plus efficaces économiquement (grâce notamment à des charges opérationnelles réduites d’environ 25 % ) et, bien que le revenu soit équivalent (sur la période 2011-2013) entre niveaux de couplage, il est bien plus stable quand les complémentarités sont favorisées. Ce constat est visible autant pour des systèmes à dominante "élevage" qu’à dominante "cultures", ou avec des ateliers équivalents.

"Sur le temps long, le revenu est plus régulier avec un couplage élevé, indique Pierre Mischler. On a également observé que plus un système est herbager, moins le revenu fluctue. Mais les systèmes ayant davantage de cultures peuvent aussi réduire la variabilité de la performance économique. Enfin, du point de vue des agriculteurs enquêtés, ces systèmes sont aussi vivables en ce qui concerne le travail. La dimension «multi-ateliers» peut toutefois être source de déséquilibre, plus facilement qu’en système spécialisé."

"Le couplage culture-élevage offre donc des bénéfices économiques et environnementaux, conclut Pierre Mischler. Les exploitations les plus orientées vers l’élevage y arrivent (les marges de progrès concernent davantage les fermes ayant le plus de cultures) et ce sont souvent des systèmes avec plus d’herbe et plus parcimonieux en intrants : ils ont un rôle à jouer dans l’atténuation du changement climatique, grâce à moins d'émissions de GES, plus de stockage de carbone, et à un albédo plus élevé."

Ces performances positives permettent d’envisager sous un jour nouveau les systèmes associant culture et élevage. Dans les régions étudiées, une analyse statistique de données administratives agricoles originale montre que la PCE a tendance à mieux se maintenir qu’envisagé a priori.

À l’issue du projet, de nouveaux outils simples sont disponibles pour le conseil agricole et l’enseignement. L’outil NICC’EL ( Niveau de complémentarité cultures élevage) permet d’évaluer rapidement le niveau de couplage d’une exploitation et le Dictionnaire amoureux de la polyculture-élevage donne accès aux références produites dans le projet REDSPyCE. Ils sont accessibles sur le site internet du RMT SPICEE.

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