Et si l’assiette avait le pouvoir de changer le monde ?

Photo : Yaruniv-Studio/Adobe Stock
À l’heure où nos habitudes alimentaires connaissent une évolution manifeste, la question se pose de savoir si notre agriculture peut en saisir des opportunités. Le think tank AgriDées met la question « sur la table » à l’occasion de la publication d’une note d’analyse intitulée « Le flexitarisme une opportunité pour la chaîne alimentaire ».

Avant toute chose, il est utile de savoir ce que l’on met derrière ce mot-valise qui sous-entend la flexibilité et le végétarisme. Le think tank tient à préciser qu’il s’agit plutôt d’une tendance qui consiste à réduire sa consommation de protéines animales tout en augmentant la part de protéines végétales. « Ce n’est pas une norme ou une nième tentative d’exclusion. C’est plutôt une transition alimentaire qui s’appuie sur des préconisations de nutrition et de santé, de lutte contre le gaspillage, des réponses écologiques aux questions environnementales, climatiques, ainsi que sur des adaptations aux évolutions sociétales et à la relation au temps », peut-on lire dans la note.

Le cadre étant posé, une étude du Credoc pour le compte de FranceAgriMer et l'observatoire du Cniel sur les habitudes alimentaires  (Ocha) estime à 20% la population française se réclamant du flexitarisme, 26% pour l’Allemagne et l’Espagne et 19% pour le Royaume-Uni.

Ces changements de mode de consommation interrogent inévitablement la production agricole et agroalimentaire qui, « peu ou prou, cherche des réponses aux mêmes enjeux, du local au planétaire », précise la note d’AgriDées, tout en précisant que « la transition agricole n’aboutira qu’en s’adaptant aux souhaits des consommateurs, en apportant aussi des engagements clairs aux citoyens en matière de bien-être animal, tout en les éveillant aux réalités des modes de production ».

« Il faut pouvoir poser les bonnes questions pour pouvoir les résoudre, il ne s’agit pas d’opposer le monde animal au monde végétal, ce serait un non-sens nutritionnel et gastronomique », prévient Jean-Louis Peyraud, de l’Inrae, à l’occasion de la présentation de la note d’AgriDées. « Certes l’élevage a une empreinte environnementale qu’il faut réduire par l’amélioration des pratiques […] Néanmoins, il faut souligner ses contributions, nourricières, économiques (emploi) et autres aménités non rémunératrices, paysage, biodiversité et stockage du carbone », souligne par ailleurs la note.

« Nous sommes favorables à la végétalisation de l’assiette car c’est un modèle économique pour l’agriculture, résume pour sa part Yves Le Morvan, responsable filières et marchés chez AgriDées, mais cela doit se faire de manière équilibrée, 50% de protéines animales et 50% de protéines végétales » (contre deux tiers, un tiers dans les régimes alimentaires traditionnels dans les pays occidentaux).

« Le flexitarisme alimentaire ne constitue pas une réduction du poids global de l’agriculture. Il peut rééquilibrer les filières entre elles en s’appuyant sur les forces et les qualités de chacune », poursuivent les auteurs. 

Pour parvenir à ces objectifs, le think tank formule différentes propositions autour de l’étiquetage, la promotion et le financement des acteurs économiques :

Étiquetage européen (au nom de la juste information aux consommateurs)

  • Réserver le terme de viande aux produits issus de l’élevage. Les produits cellulaires, artificiels, in vitro, ne sont pas de la viande, mais une technique décorrélée de l’élevage.
  • Protéger les désignations usuelles caractérisant les produits carnés (steak, saucisse…) ; ne pas susciter la confusion auprès des consommateurs.
  • Lancer un étiquetage volontaire du bien-être animal à la manière du nutriscore.

Promotion/consommation

  • Créer une interprofession agricole et alimentaire transversale pour se doter d’un outil collectif qui émette des messages objectifs de convergence.
  • Communiquer par des « collectifs » auprès du public.

Financement des acteurs économiques

  • Soutenir par la Pac dans son deuxième pilier sous forme de PSE (paiements pour services environnementaux).
  • Dédire une partie du Plan protéines à un soutien financier aux entreprises qui innovent et structurent les nouvelles filières des produits végétaux destinés à la consommation humaine (pois, lentilles, féveroles…).

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