DT50, Koc, métabolites : des notions pour comprendre les mécanismes de transfert des pesticides dans le sol

Les bactéries du sol contribuent à la dégradation plus ou moins rapide de certaines molécules contenues dans les pesticides. Crédit: drik/Adobe Stock

Le transfert des pesticides dans le sol dépend de nombreux facteurs, dont certains sont directement liés au sol: process de rétention et de transformation des substances,  ou mode de transport de ces molécules dans le sol (lixiviation, ruissellement, entre autres).

"Le sol est une interface entre l’atmosphère et l’hydrosphère (eaux de surface et souterraines). Il conditionne le devenir des substances contenues dans les produits phytosanitaires." C’est en ces termes que Pierre Benoît, de l'Inrae, introduit le webinaire sur les processus de transfert des pesticides dans les sols. Il explique que les produits phytosanitaires rentrent dans le sol grâce à sa porosité. Ensuite, ils se dispersent soit dans la solution du sol, soit dans la phase solide par processus d’adsorption. Ils peuvent même pénétrer à l’intérieur des agrégats.

"La mobilité du pesticide dépend du coefficient d’adsorption du sol, le Koc. Plus il est élevé, plus la rétention est importante et moins il est mobile dans le sol, indique Pierre Benoît. Le Koc varie selon la fraction organique et minérale du sol et, par conséquent, selon la profondeur." Ce coefficient ne prend pas en compte le pH, le taux d’argile et les cations contenus dans le sol, des facteurs qui interviennent pourtant dans la rétention de la molécule.

La durée de demi-vie d’un produit exprime sa persistance

La rémanence d’un produit phytosanitaire, exprimée par sa durée de demi-vie (DT50), influence son transfert dans le sol. "Au bout d’un certain temps, la concentration du produit dans le sol est divisée par deux, précise Pierre Benoît. Ce laps de temps, plus ou moins long, est caractéristique du processus de dissipation ou de disparition de la molécule." Plus la DT50 est élevée, plus la substance est persistante. Cela signifie que le produit peut être transporté en dehors de la zone de traitement.

"Pour réduire le transfert des produits phytosanitaires dans le sol, il faudrait réduire leur usage avec un changement de système, indique Pierre Benoît. Plusieurs solutions sont envisageables: la mise en place de cultures intermédiaires, de prairies temporaires qui réduisent la pression abiotique, de l’allongement de la rotation, de réduction du travail du sol sans pour autant abandonner le labour, et de l’aménagement de l’espace paysager pour ralentir le lessivage ou le ruissellement."

Ne pas sous-estimer les métabolites contenus dans le sol

L’usage répété d’une même molécule a pour conséquence une adaptation et une sélection naturelle des bactéries contenues dans le sol. Avec le temps, certaines d’entre elles finissent même par être capables de dégrader plus ou moins complètement des substances contenues dans les pesticides. Lors de cette dégradation, des produits dits de transformation, également appelés métabolites, apparaissent avec des propriétés toxicologiques différentes de la molécule mère.

"Souvent, les DT50 de ces métabolites sont plus élevées et le Koc plus faible, explique Pierre Benoît. Plus mobiles et plus persistants, ils se retrouvent plus fréquemment dans les eaux souterraines. Ces métabolites sont à prendre en considération dans les évaluations de risques. Une hypothèse expliquerait qu’il existe une quantité de résidus non extractibles, à des niveaux faibles, qui constituerait une sorte de stock avec une diffusion différée, même plusieurs années après l’application."

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