Avoir conscience d’un changement irrémédiable des habitudes de consommation

Pour Michael Horsch, il faut que le monde agricole arrête de se défendre derrière le sacro-saint besoin de nourrir une population mondiale qui ne cesse de croître. Et si nourrir ces humains en plus passait par une stagnation ou une baisse des besoins en céréales…

« Il ne faut pas avoir peur de l’évolution actuelle de la consommation, mais il est indispensable d’avoir conscience du phénomène pour l’anticiper », rassure Michael Horsch, président de la marque allemande éponyme de matériel agricole, lors des dix ans d’Agroforum organisés par la coopérative Agora le 29 janvier 2020. En ces termes, il prévient les agriculteurs français présents des évolutions à venir. Il cite notamment « la volonté de la Chine de réduire sa consommation de viande de 50% à brève échéance. Nous avons encore trop souvent tendance à penser que leur consommation ne va cesser de croître et que le pays importera pour couvrir ses besoins. Cette volonté de l’État chinois fait suite à un constat simple : l’occidentalisation de la consommation des habitants du pays entraîne une augmentation des coûts de santé. L’État cherche donc à l’enrayer ».

Michael Horsch évoque – et cela vaut aussi bien pour un Chinois que pour toute autre nationalité – qu’un « être humain a en moyenne la place pour ingurgiter 3 kilogrammes d’aliments par jour . Cela étant dit, les 3 kg représentaient tout juste 1800 kcal il y a cinquante ans. Aujourd’hui, ils en représentent 3000 kcal. Ce qui engendre nécessairement une problématique de santé publique telle que l’obésité, entre autres ». C’est sans doute le contrecoup du challenge relevé par les agriculteurs depuis presque cinquante ans maintenant : que les populations mangent à leur faim avec des produits très caloriques comme le beurre et la viande.

 

La viande d'origine animale pourrait être remplacée par de la viande issue de fermentation de précision beaucoup plus vite que ce que Michael Horsch pouvait imaginer après avoir découvert cette technologie. © Alexander Raths/Adobe Stock

Vers une moindre demande en céréales

Aujourd’hui, ce modèle est très souvent décrié dans nos civilisations modernes. Des voies alternatives sont donc recherchées par les consommateurs et… donc les entrepreneurs. Certains s’intéressent particulièrement à la fermentation de précision. Il s’agit un processus « programmant » des micro-organismes pour produire n’importe quelle molécule organique complexe. À partir des hypothèses technico-économiques, les aliments d’origine animale (viande, lait et dérivés) seraient progressivement remplacés par des équivalents protéiques moins coûteux à base de céréales par exemple.

Si Michael Horsch a pu avoir vent de ce type de proposition alimentaire alors qu’elles n'en étaient qu’à leurs tout débuts, il était loin de penser que « la technologie ferait son apparition dans l’alimentation quotidienne aussi rapidement. Or, certains fast-foods proposent déjà de la "viande" fabriquée avec ce procédé… et avec un goût qui n’a rien à envier à de la vraie viande. Et cette technologie a deux arguments de poids : elle ne nécessite aucun élevage d’animaux et donc pas leur mort, et elle est moins impactante pour l’environnement. Le tout en réduisant par la même occasion le besoin de surfaces en céréales ». Alors, il ne faut pas en avoir peur car ce seront avant tout les structures et les pays très dépendants des flux mondiaux des matières premières agricoles qui seront touchés, mais il faut en avoir conscience pour faire évoluer le modèle et se rapprocher encore plus de ses clients et consommateurs.

 

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