Agriculture de précision : les agriculteurs sont séduits par Be Api

Portée depuis 2 ans par Bioline by In Vivo, la structure Be Api déploie ses services d’agriculture de précision sur toute la France, grâce à un réseau de coopératives partenaires. Le 6 novembre 2018, 4 agriculteurs se sont retrouvés sur l’exploitation de Nicolas Viel dans l’Eure, afin de témoigner de leur expérience et de leur enthousiasme quant à l’utilisation de ces nouveaux outils pour une économie d'intrants garantie.

Nouveau… pas pour tout le monde. En effet, l’histoire démarre en fait en 2001 grâce aux premiers essais du GRCeta de l’Eure. Des partenariats voient le jour avec la société Defisol, l’école d’ingénieurs de Rouen UniLasalle (ex-Esitpa) et la coopérative Cap Seine. Grâce à ces partenariats, depuis plus de 10 ans, les agriculteurs normands peuvent disposer d’outils de cartographie de leur sol (résistivité, conductivité pour mesurer le potentiel, teneurs minérales des sols) et des cartes de préconisation pour la modulation des intrants (azote, semences, fongicides, régulateur).

Depuis 2 ans, In Vivo est entré au capital et a créé la structure Be Api afin de déployer et de démocratiser ces outils d’agriculture de précision afin de « faire grandir la terre et les hommes qui la cultivent », résume Laurent Maillard, responsable réseau. Pionnière en matière d’agriculture de précision, la Normandie, grâce à Be Api, a pu exporter son savoir-faire sur l’ensemble du territoire national grâce au tissu coopératif.

Valoriser l’hétérogénéité intraparcellaire

Ce mardi 6 novembre 2018, Denis Vernet a traversé la France pour venir parler de son expérience. Jeune agriculteur installé dans les Alpes-de-Haute-Provence, il exploite 260 ha de plantes médicinales, principalement lavandin mais aussi immortelle, fenouil, coriandre… et des cultures type blé dur, pois chiche, féverole, chia et quinoa. « Au fil des décennies, l’occupation des sols a beaucoup évolué, il était important pour moi d’appréhender leurs caractéristiques pour en apprécier l’hétérogénéité. Et ce, afin d’adapter les conduites et d'homogénéiser les rendements de l’exploitation via l’ajustement des apports à l’échelle intraparcellaire. » Pour l’heure, une centaine d’hectares a été engagée dans la démarche, pour un investissement d’environ 100 euros/ha. Les cartographies de sol sont valables une dizaine d’années, il espère un retour sur investissement d’ici 5 ans.

Pour Éric Mahaut, le déplacement fut moins long. Polyculteur-éleveur au nord de l’Eure-et-Loir, il exploite 230 ha et élève 60 vaches laitières en Gaec. Particularité de l’exploitation, 90 ha sont situés sur une zone de captage de la ville de Paris, au printemps 2019, cette surface sera convertie en agriculture biologique. « Il y a 6 ans, j’ai assisté à une réunion sur l’agriculture de précision, organisée par la coopérative Cap Seine et j’ai tout de suite compris et été convaincu par les enjeux. Jusqu’alors, certes je faisais quelques analyses de mes sols, par habitude… Mais via Be Api, c’est plus de 260 points d’analyse qui ont été effectués et m’ont fait prendre conscience de la très grande hétérogénéité de mes sols. J’ai tout de suite compris que j’allais devoir me remettre à l’agronomie, pour mon plus grand bonheur. Par exemple, il faut bien avoir conscience que vous pouvez apporter de l’engrais tant que vous voulez, mais si le pH du sol n’est pas très proche de 7, ça ne sert à rien. J’ai désormais une meilleure maîtrise de ce que je fais et je ne reviendrais pas en arrière. » Le coût des analyses s’est élevé à 13500 euros, auxquels il faut rajouter l’équipement en antenne GPS et module Isobus (10000 euros sur un tracteur de plus de 20 ans !) et il estime ses économies en termes de fertilisants à environ 5000 euros/an.

 

« L’agriculture de précision nous rend fier de notre métier »

À quelques kilomètres de là, dans le département de l’Eure, c’est Arnaud Closmenil, céréalier sur 300 ha (+ 300 ha d’ETA) qui témoigne. Il pratique l’agriculture de précision depuis 2007. Sur son exploitation, il la met en pratique notamment en  modulant les doses de semences. « Après avoir pris connaissance de l’hétérogénéité des potentiels au sein même d’une parcelle, j’ai pu ajuster mes doses de semis, afin d’éviter la sur-densité dans les zones à fort potentiel et la sous-densité dans les zones à plus faible potentiel. Grâce à la modulation, j’estime que je peux faire une économie d’environ 15 à 20% de semences. Et concernant l’azote, même réflexion, l’économie annuelle est de l’ordre de 22000 litres d’azote sur 500 ha. La prochaine étape sera de moduler aussi les semis de betteraves. Grâce à l’agriculture de précision, j’ai redécouvert l’agronomie, et j’ai un vrai sentiment de fierté. »

La fierté elle se lit également dans les yeux de Nicolas Viel, agriculteur lui aussi dans l’Eure, sur une exploitation de 300 ha. « Pour moi l’agriculture de précision, c’est un gage de pérennité pour mon exploitation, quand je la transmettrai à mes enfants. Dans un contexte où il faut justifier toutes nos interventions, l’agriculture de précision est un bon outil de communication et de justification. Je fais des économies d’engrais significatives et j’ai pu constater aussi l’amélioration de la qualité technologique de mon blé (meilleur PS). »

Aujourd’hui, environ 700 agriculteurs mettent en œuvre l’agriculture de précision via les services de Be Api pour une surface d’environ 100000 ha. Le déploiement de ces outils n’en est presque qu’à ses débuts. L’agriculture de précision ou la « smart farming » comme aiment à la qualifier nos cousins anglo-saxons sera bien plus qu’un outil pour aider l’agriculture a progresser dans ses pratiques et à répondre aux enjeux et exigences de la société.

 

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