2030 : la France et l’UE devraient rester sur leurs positions actuelles

2030 : la France et l’UE devraient rester sur leurs positions actuelles. © DR

À l’occasion de la 28e journée des céréales, organisée par Haropa-Port de Rouen le 29 avril, Andrée Defois, présidente de Tallage, s’est livrée à l’exercice périlleux de la prospection à long terme sur l’exportation de céréales en France et en Europe. Exercice périlleux car « le marché est en pleine évolution, faire des prévisions est un numéro d’équilibriste, il faut essayer de faire parler tous les éléments », prévient la spécialiste. Nous retiendrons que les positions françaises et européennes ne devraient pas connaître de grands bouleversements et tenir respectivement leur rang dans la part des échanges mondiaux, sans baisse ni hausse spectaculaire.

Andrée Defois, présidente de Tallage. © DR

Si l’on s’intéresse dans un premier temps aux volumes de production, deux éléments sont à considérer, surfaces et rendements. « Il faut s’attendre à une légère baisse des surfaces arables dans l’UE (baisse liée à l’urbanisation, la reforestation), mais dans une proportion moins importante que celle des dernières décennies. Quant aux rendements, ils ne devraient pas être très supérieurs à ceux que l’on connaît aujourd’hui, à l’exception de certains pays qui ont récemment intégré l’UE. La moyenne attendue à l’horizon 2030 en blé serait de 75 q/ha sur l’UE. Mais ne négligeons pas l’impact du changement climatique qui pourrait avoir des conséquences plutôt négatives sur le blé mais positives sur le maïs. Ainsi, le volume de production en 2030 pourrait s’accroître d’environ 20 millions de tonnes en blé, 5 en orge et 8 en maïs pour l’UE », détaille Andrée Defois.

Biocarburant, un marché arrivé à maturité

Pour Andrée Defois, le marché de biocarburant ne devrait pas non plus induire une consommation massive de céréales dans les années à venir. « Le prix du pétrole devrait rester sur des niveaux relativement bas, ce qui ne pousse pas à la consommation de biocarburants. Par ailleurs la tendance est plutôt à la baisse quant à la consommation d’essence. Enfin le temps des mesures en faveur de l’augmentation des taux d’incorporation est plutôt derrière nous. »

L’isoglucose rentre notamment dans la composition de toutes les boissons sucrées. © Michael Eichhammer/Fotolia
Autre élément à considérer, la production d’isoglucose (ou sucre inverti, sirop de glucose obtenu à partir de céréales) et qui rentre notamment dans la composition de toutes les boissons sucrées. « Avec la fin des quotas betteraviers, ce marché devrait se libéraliser. Les entreprises françaises utilisent l’isoglucose à hauteur de 4% de leurs besoins, elles pourraient augmenter leur taux d’incorporation à 11% ce qui engendrerait un surplus de consommation de 3 millions de tonnes de céréales (blé et maïs). Cela reste une hypothèse, car il est possible que des allégations nutritionnelles en limitent les usages », poursuit la spécialiste.

Autre perspective encourageante, le secteur des bioplastiques. À compter du 1er juillet 2016, dans le cadre de la loi de la transition énergétique, un décret prévoit l’interdiction des sacs plastiques. Ce qui pourrait être bénéfique au secteur de la chimie verte. « En 2013 les capacités de production étaient de 500000 tonnes (50000 ha), on estime qu’en 2016, elles ont doublé. C’est un secteur à suivre qui pourrait être porteur d’usages importants à l’avenir », rappelle Andrée Defois.

La demande mondiale en hausse

Pour Andrée Defois, il va y avoir une poursuite de la demande mondiale de matières premières. « La croissance dans les pays en développement sera plus faible que ces dernières années, mais avec un taux moyen qui reste dans une fourchette de 3 à 4%. Idem pour la hausse de la population mondiale, mais dans un rythme moins soutenu. Toutefois, la transition alimentaire vers la consommation de viande devrait continuer de soutenir la demande notamment dans les pays du sud-est asiatique et en Amérique du Sud ».

Sur la base de ces éléments, la responsable de Tallage estime que les exportations françaises auront du mal à dépasser en volume les niveaux actuels, de l’ordre de 12 millions de tonnes vers les pays tiers d’ici 2030 et elle devra se battre pour maintenir ses positions notamment sur les aspects qualitatifs. Les échanges mondiaux sont attendus en hausse mais les niveaux d’approvisionnement en volume par l’Europe devraient être équivalents à ceux d’aujourd’hui, un potentiel estimé à 35 millions de tonnes environ en blé tendre. En orge, l’UE devrait prendre part à 34% des échanges mondiaux en 2030 contre 36% aujourd’hui, les tonnages exportés par la France devraient se situer autour des 7 millions de tonnes. Enfin en maïs, le marché mondial est attendu en forte croissance, tiré par la demande animale et les utilisations industrielles, l’UE devrait asseoir sa position d’importateurs de maïs.

Autres éléments à intégrer aussi, l’évolution des taux de change qui constituent un driver essentiel sur les marchés, les impacts des accords de libre-échange (Tafta, Mercosur...) et l’évolution effective de la demande animale mondiale. 

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