« Un risque plus élevé de mourir de faim que du virus »

« Un risque plus élevé de mourir de faim que du virus ». © Izzy/Adobe Stock

Le programme alimentaire mondial (PAM) estimait fin avril que le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde risque de doubler en 2020 : «130 millions de personnes risquent de souffrir d’insécurité alimentaire aiguë». Des chiffres qui mettent en lumière les conséquences de la pandémie du coronavirus sur des populations en grande précarité. Les principales raisons à cette situation, la perturbation des réseaux commerciaux, les conséquences économiques sur l’emploi et les revenus, mais aussi l’aide alimentaire, notamment pour les pays en conflit, qui risque de ne plus parvenir à destination. Interrogé par France Inter le 22 avril 2020, Bruno Parmentier, expert de l’agriculture et de l’alimentation expliquait : «Il faut bien se rendre compte que des millions de personnes, vivant dans les bidonvilles des pays en voie de développement, ne peuvent plus aller travailler pour gagner de quoi manger. Le risque est encore plus grand pour ces populations de mourir de faim que de mourir du coronavirus.»

Le problème de l’acheminement se pose pour accéder aux villages les plus isolés. «Il y a un risque d’inflation des prix, c’est inévitable, prévient Bruno Parmentier. Dans nos sociétés occidentales, nous avons une alimentation composée, si le prix du blé double, on s’en aperçoit à peine lorsqu’on achète notre baguette de pain. Alors que pour les populations les plus pauvres, les céréales composent 70% de leur nourriture et ils mangent la même chose tous les jours, donc la hausse des prix devient vite dramatique.»

Pour le spécialiste, dans ce contexte, notre responsabilité c’est de ne surtout pas stopper les exportations de céréales. «Les pays en capacité d’exporter sont environ une vingtaine contre une centaine de pays, dont le sort de millions de personnes dépend, qui doivent à tout prix importer pour nourrir leur population.»

À savoir alors si la situation pourra être comparable à celle de la crise alimentaire de 2007/2008, Bruno Parmentier estime que la situation est très différente, dans la mesure où en 2020 les stocks sont suffisants et la récolte 2020 s’annonce bonne, tandis qu’en 2007/2008, la récolte n’était pas suffisante et les stocks au plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale. «Il n’y a donc pas de raison objective de s’affoler, mais il pourrait y avoir des raisons subjectives si certains venaient à perdre leur sang-froid.»

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