Russie, un retour marqué et durable sur la scène internationale

Visuel : ExQuisine/ artefacti / O. Pieton

Il n’échappe à personne que, depuis un peu plus d’une décennie, la Russie fait un retour marqué sur la scène internationale en devenant le premier exportateur mondial de blé. "Alors que la décennie 1990 fut celle des chocs et des transitions pour le pays, le passage à l’an 2000 a correspondu à une reconstruction de l’appareil productif. Les céréales, et l’agriculture en général, s’inscrivent dans une vraie perspective de rétablissement de la puissance pour Moscou", explique Sébastien Abis, directeur du club Demeter et chercheur associé à l’Iris et de poursuivre : "Voici un bel exemple d’un pays qui a conscience qu’une agriculture forte est utile pour peser et être influent à l’international." Certes il y a la volonté politique, mais il ne faut pas oublier non plus l’aspect géographique. "Le territoire russe est gigantesque, l’aventure sibérienne a été très positive. Les niveaux de rendement ne sont pas encore très élevés, il y a donc un potentiel pour une production accrue et des volumes supérieurs à placer sur les marchés internationaux dans les années à venir. On peut raisonnablement imaginer que, d’ici à 2030, la Russie produira 120 millions de tonnes de blé." À titre de comparaison, selon les chiffres de l’USDA, la Russie a produit en 2020, 83 millions de tonnes de blé et les projections à l’export pour la campagne sont de l’ordre de 40 millions de tonnes.

 

Un bon alignement des planètes 

 

L’expert tient à préciser que la Russie a bénéficié d’un bon alignement des planètes, est-ce une situation durable ? Des paramètres extra-agricoles sont aussi en jeu. Il se peut que, dans le cadre de l’organisation de coopération de Shanghai, la coopération économique entre la Chine et la Russie soit renforcée. Auquel cas, la Russie aura beaucoup d’atouts agricoles à faire valoir avec son voisin. Mais toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant, le climat d’affaires n’est pas toujours bien transparent, quand bien même son intégration à l’OMC lui incombe un certain nombre de devoirs...

On peut s’interroger aussi sur un possible changement d’acteur à la tête du pouvoir Russe. Des rumeurs courent, alors que Vladimir Poutine est aux manettes depuis 20 ans. Mais pour Sébastien Abis, "il est rentré dans l’histoire de son pays, il ne ratera pas sa sortie, j’ai la conviction que la continuité du redressement est partagée par le pouvoir dans sa globalité. Après moi le déluge, ce n’est pas dans la tête de Vladimir Poutine".

La Russie connaît moins de variabilités interannuelles en matière de production. La qualité de sa production a considérablement augmenté, aussi, elle a conquis des nouveaux marchés. Enfin elle a un positionnement géographique très stratégique. "Les faits sont têtus et ce n’est pas près de changer,  mais il faut aussi savoir relativiser, en 20 ans, la Russie a produit 1 100 millions de tonnes de blé, et la France 750, ce n’est pas si mal", s’amuse l’expert, et de conclure : "Il faut avoir en tête que si les pays achètent, c’est qu’ils ont des besoins, et il y a finalement très peu de fournisseurs à l’échelle du monde. Toute la question pour la France est de savoir si elle veut contribuer à l’équilibre alimentaire mondial et rayonner aussi grâce à son agriculture."

Retrouvez un dossier marchés consacré à la Russie dans Cultivar Leaders n°108 de janvier 2021.

 

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