Depuis un an, les prix du blé ont progressé de 20%, 30% pour l’orge et le maïs, 40% pour les tourteaux de soja et jusqu’à 40% pour l’huile de tournesol, précise le cabinet Agritel dans un communiqué. "Nous assistons à une inflation généralisée de l’ensemble des prix des grains", analyse Sébastien Poncelet, directeur développement au sein du cabinet Agritel, avant de poursuivre : "Nous sommes loin d’un épiphénomène qui touche un produit en particulier à cause d’un incident ponctuel et d’une mauvaise récolte ici ou là."
Plusieurs éléments d’explications à cette hausse généralisée. D’une part, les fonds d’investissement qui participent à cette hausse, mais sans être la seule raison."Si les fonds s’intéressent aux grains, c’est qu’il y a une réelle tension fondamentale sur les matières premières agricoles", explique Sébastien Poncelet. "Il y a eu quelques accidents de production en 2020, le blé en France et en Europe, le maïs aux USA et en Ukraine, l’huile de palme dans le sud-est asiatique et, désormais, la crainte sur le continent sud-américain avec la persistance du phénomène La Niña", poursuit-il.
Mais il faut ajouter à cela l’accélération de la demande liée à la crise sanitaire "Les grands pays importateurs veulent sécuriser les stocks alimentaires plutôt chez eux que de les laisser chez les pays vendeurs à l’autre bout de la planète, la Chine notamment", ajoute l’expert.
D’autre part, il faut aussi noter que les pays exportateurs cherchent eux aussi à protéger leurs propres marchés face à la hausse des prix, c’est le cas de la Russie et de l’Argentine qui cherchent à protéger leurs marchés domestiques en imposant des taxes à l’export.
Comme le rappelle Sébastien Poncelet, cette situation replace l’agriculture et l’approvisionnement alimentaire au cœur des enjeux stratégiques mondiaux : "Les pays les plus pauvres risquent de connaître de nouvelles tensions et ils en ont conscience, mais ceux qui ne manquent de rien devraient s’en préoccuper", conclut le spécialiste.