La guerre en Ukraine va-t-elle compromettre le Pacte vert européen ?

L'Europe pourra-t-elle contribuer aux équilibres vitaux de la planète. Crédit: momius/Adobe Stock

Déjà 21 jours que la Russie a envahi l’Ukraine. Ce conflit vient amplifier les phénomènes de tensions sur les matières premières et l’énergie. "La reprise économique post-Covid a contribué à une poussée inflationniste, alors que les stocks n’étaient pas pléthores", indiquait Thierry Pouch, chef du service des études économiques de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture, à l’occasion d’une audition de la Commission économique du Sénat sur les conséquences du conflit.

D’un point de vue économique et financier, "pendant la crise, les États ont investi massivement pour surmonter les chocs. Avec la flambée des prix et les effets croisés des sanctions économiques sur la Russie, auront-ils encore de la marge de manœuvre?" s’interroge le spécialiste, en précisant que le FMI alerte déjà "avec solennité" sur le fait que le conflit va contribuer à l’érosion des économies et modifier fondamentalement l’ordre économique mondial.

Cette crise attise aussi les questions sur notre dépendance à l’énergie et notamment au gaz russe. "Dans l’immédiat, on ne parviendra pas à faire reculer nos besoins d’ici 2030. En attendant, on peut imaginer se tourner vers d’autres fournisseurs, comme le gaz de schiste américain, ou négocier des approvisionnements depuis l’Algérie. Mais attention, ses réserves ne sont pas extensibles, et elle a déjà des engagements sur le long terme avec les pays du sud-est asiatique", précise le spécialiste.

Le temps de réexaminer le Pacte vert

La question de la géoplitique du blé est évidemment sur la table. De nombreux pays dépendent fortement du blé en provenance de la mer Noire. Quel rôle l’Europe peut-elle jouer dans ce contexte? L’Europe veut-elle et pourra-t-elle contribuer aux équilibres vitaux de la planète? Alors même qu’elle prévoit, à l’horizon 2030, à travers les ambitions du Pacte vert (Green Deal), de diminuer de 50% l’usage des produits phytosanitaires et de 20% celui des engrais? "Je tiens à rappeler que toutes les études d’impact, quelles que soient les méthodes, convergent vers le même résultat: un décrochage de la production et des exportations européennes", indique Thierry Pouch. Si la campagne 2022 est à peu près lancée, à l’exception des semis printemps dans les zones concernées par le conflit, c’est surtout la campagne 2023 qui est pleine d’incertitudes. On parle de remettre en cultures les jachères. Faut-il interdire les biocarburants, accusés – souvenez-vous – en 2007-2008 d’affamer le monde? "L’Europe est à l’heure des choix. Allons-nous vers un report des ambitions du Pacte vert? La question mérite d’être posée. Elle va nécessairement cliver le monde agricole et celui des ONG qui ne veulent pas que le conflit ukrainien soit un prétexte pour remettre en cause les ambitions", résume Thierry Pouch.

Il fut un temps où la mondialisation était porteuse de promesses, mais la pandémie et la guerre aux portes de l’Europe nécessitent de revoir en profondeur les objectifs et les équilibres mondiaux. Rappelons que la Russie et l’Ukraine pèsent pour 30% des échanges mondiaux de blé.  

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