Fragile retour au calme sur les marchés céréaliers

© S. Leitenberger / Adobe Stock

Alors que l’accord sur les corridors maritimes pour les exportations ukrainiennes de céréales a été renouvelé le 18 mai, les marchés mondiaux accentuent leur baisse, ils étaient stables avant l'annonce, contrairement aux flambées survenues avant les précédentes échéances de l’accord russo-ukrainien

L'étude. Selon les chiffres communiqués le 12 mai par le département de l’agriculture des États-Unis :

  • Les stocks de blé en fin de campagne 2022-2023 sont attendus à 266 Mt, soit leur plus bas niveau depuis la campagne 2016-2017.
  • Malgré une baisse attendue de 7 % de la consommation animale, ils devraient encore diminuer à l’issue de la campagne 2023-2024 pour atteindre 264 Mt du fait d’une baisse de la production attendue en Russie et en Australie en 2023.

Les conséquences. Les échanges mondiaux, cependant, « se déroulent sans problème malgré les prévisions », note Marc Zribi, chef de l’unité grain et sucre de FranceAgriMer. Il souligne que « les livraisons dominées par l’origine russe, toujours la plus compétitive, font que les prix restent bas. Cette physionomie du marché donne l’impression que les interrogations qui pesaient sur le renouvellement du corridor n’ont pas d’impact ou sont intégrées par les opérateurs. Cette situation calme est inattendue ».

Stabilité ?  L'accord sur un corridor maritime en mer Noire pour les exportations ukrainiennes de céréales arrivait à échéance le 18 mai. Comme elle l’avait fait lors des précédentes échéances, la Russie a soufflé le chaud et le froid quant à la prolongation de cet accord, mais le marché des céréales, qui s’était précédemment échauffé à chaque fois que l’existence de ce corridor était en cause, est resté cette fois d’un calme olympien.

Négociations difficiles. Les conditions posées par Moscou pour accepter un prolongement étaient pourtant considérables : retour de la banque Rosselkhozbank, spécialisée dans le financement de l’agriculture, dans le système de paiement Swift, levée des restrictions sur les assurances maritimes, sur les livraisons de machines agricoles ou encore sur les activités financières des entreprises d’engrais.

Le poids conséquent de la Russie sur les marchés

La Russie, malgré les sanctions, continue d’exporter et est même présente massivement sur les marchés en seconde partie de campagne. Les sanctions n’entravent donc pas ses exportations " .observe Marc Zribi.

Après un an de conflit, le poids de l’Ukraine sur le marché mondial du blé s’est réduit de moitié, tandis que celui de la Russie a augmenté, Le non renouvellement du corridor aurait été un problème. Mais cela n’aurait pas conduit à une situation aussi grave que celle causée en février 2022 par l’arrêt des exportations ukrainiennes qui avait suivi l’invasion russe.

Classement mondial. Selon les chiffres du Conseil international des céréales (CIC), la Chine devrait rester le premier importateur de blé en 2022-2023, avec 11,5 Mt, devant l’Égypte (11,3 Mt), l’Indonésie (10,2 Mt), la Turquie (9,5 Mt) et l’Algérie (6,6 Mt). Pour la campagne suivante, ces chiffres varient peu, sauf pour la Chine, dont les exportations ne devraient atteindre que 6,5 Mt.

Positionnement. Le point sur les exportations française sur la campagne en cours.

  • L’Égypte a acheté majoritairement du blé russe, soit 73 % de ses importations.
  • La France, qui a beaucoup fourni le pays en tout début de campagne, n’a plus expédié vers l’Égypte par la suite, mais arrive tout de même au deuxième rang des fournisseurs avec 15 % du marché égyptien.
  • Les exportateurs français sont bien mieux positionnés sur l’Algérie, où ils s’arrogent
    60 % du marché, devant la Bulgarie (23%) et la Roumanie (9%).

Le podium. Malgré les prévisions, le classement des principaux exportateurs de blés demeurera sensiblement inchangé, malgré une masse globalement à la baisse, à l'exception de l'UE.

  • Toujours pour le blé, la Russie devrait conserver sa place de premier exportateur mondial en 2023-2024 selon le CIC, mais avec 41,7 Mt seulement, contre 44,2 Mt pour la campagne en cours. Sa production 2023 devrait fortement baisser, mais rester historiquement haute avec 82 Mt attendues.
  • L’UE conforterait sa seconde place avec 33 Mt exportées contre 31,6 Mt
    en 2022-2023.
  • L’Australie passerait de 28,4 Mt à 21,3 Mt. Suivent les États-Unis et le Canada, autour de 20 Mt chacun.
  • Enfin l’Ukraine n’exporterait plus que 11,4 Mt, contre 16 Mt exportées au cours de la campagne 2022-2023.

On mesure avec ces chiffres l’impact ravageur du conflit sur le potentiel d’exportation de l’Ukraine, souligne Marc Zribi. Le point positif, c’est que les surplus de 2022 se sont résorbés, en blé comme en maïs.

Le point sur l'Ukraine. Si la production ukrainienne de maïs continue de diminuer, passant de 26,5 Mt en 2022-2023 à 21,4 Mt en 2023-2024, le niveau d’exportation reste cependant élevé grâce aux corridors maritimes ainsi qu’aux corridors de la solidarité, les voies terrestres vers l’Union européenne. L’Ukraine devrait ainsi exporter 19 Mt de maïs en 2023-2024, après en avoir exporté 26,5 Mt en 2022-2023.

Le palme du maïs. Au niveau mondial, le Brésil domine un marché du maïs qui subit « la pression d’une offre abondante et d’annulations d’achats chinois qui font chuter les prix » selon FranceAgriMer.

  • En 2022-2023, le Brésil, avec 49 Mt selon le CIC, devance les États-Unis (47 Mt) et l’Argentine (24,8 Mt) au palmarès des principaux exportateurs.
  • L’Union européenne (25 Mt) est en tête des importateurs, devant la Chine (19 Mt) et le Mexique (17 Mt).

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