Des agriculteurs misent sur la féverole pour enrichir les rotations

Enjeux agronomiques, environnementaux et de relocalisation des protéines pour l’alimentation animale. Voici trois motivations au retour de la féverole dans le sud des Deux-Sèvres. L’entreprise de négoce Lamy-Bienaimé mise ainsi sur le retour de la légumineuse dans les rotations.

Avec 300 hectares de féverole semés fin 2019 par 35 clients agriculteurs, le négoce Lamy-Bienaimé, basé à Mauléon (79), mise sur la légumineuse dans son secteur du sud des Deux-Sèvres. Parmi les multiples atouts avancés : allonger les rotations et casser le cycle des adventices, évoque Cédric Clochard, référent technique de l’entreprise.

Nous avions déjà accompagné la culture du pois protéagineux il y a cinq ans, stable autour de 600 hectares actuellement, mais nous souhaitions une autre légumineuse pour enrichir les rotations, d’où la féverole. L’avantage est qu’elle peut s’intégrer en complément d’un pois, tous les trois ans, à la différence d’autres légumineuses. Et contrairement au soja, la féverole d’hiver n’a pas besoin d’être irriguée.

La féverole d’hiver a en effet été préférée à celle de printemps pour limiter le risque de manque d’eau au printemps, et avec un potentiel de rendement supérieur. La variété Irena a été choisie, avec son taux de protéines élevé, entre 28 et 29%. Les semis, conseillés en Deux-Sèvres au 15 novembre, ont dû être décalés cette année à cause du mauvais temps, finalement autour du 15 décembre. Pour motiver les producteurs, la prime protéagineux est un atout, même si les 130 euros/ha obtenus en 2019 devraient être revus à la baisse en 2020, suite à la hausse des surfaces de légumineuses (110-120 euros/ha évoqués).

Cédric Clochard, responsable technique aux établissements Lamy-Bienaimé. © O.Lévêque/Pixel6TM

Lutter contre les ray-grass résistants

Si Pierre Fichet, céréalier à Fontivillié et client de Lamy-Bienaimé, a choisi d’implanter 9 hectares de féverole cette année, c’est justement pour résoudre ses problèmes d’adventices. « Nous avons de plus en plus de pression graminées, surtout des ray-grass résistants. La féverole devrait nous aider à limiter cette problématique, en allongeant nos rotations blé-colza et blé-tournesol. Elle permet aussi une vraie économie d’azote sur le blé suivant, de 30 à 40 UN, avec un effet très visible sur le développement de la céréale. L’idéal serait d’atteindre 35 à 40 q/ha pour la féverole. En dessous de 25 q/ha, la culture ne sera pas rentable. »

Cédric Clochard, lui, table sur un rendement moyen de 30-35 q/ha, avec des variantes en fonction des qualités de sol, entre les terres de groie superficielles et les terres rouges plus profondes.

Avec un contrat à 225 euros/t garantis, les 35 céréaliers ont choisi de s’engager aux côtés des établissements Lamy-Bienaimé pour leur future collecte. « L’enjeu est surtout d’accompagner chacun à réussir cette nouvelle culture, sans prendre trop de risques, afin de déployer durablement la féverole dans les rotations », insiste Luc Bienaimé, gérant du négoce, qui mise sur 500-600 hectares dans les années à venir.

Pierre Fichet, céréalier à Fontivillié, cultive 9 hectares de féverole en 2020. © O.Lévêque/Pixel6TM

Forte pression botrytis

Si la féverole ne nécessite pas d’azote, elle demande tout de même une fertilisation PK adaptée. Côté maladies, l’hiver très pluvieux a exigé deux voire trois passages de fongicides, reconnaît le conseiller technique. « Dès février, nous avions énormément de botrytis sur féverole, et Terres Inovia nous a conseillé de passer du Scala à demi-dose, soit 0,75l/ha, en préventif. Pour le désherbage, c’est pour le moment en chimique au semis avec un rattrapage éventuel, afin de ne pas faire prendre trop de risques aux producteurs. Mais nous allons creuser la question du binage les prochaines années. »

Ravageur phare de la féverole, la bruche est en partie maîtrisée par un insecticide, mais Luc Bienaimé a une alternative : « Nous conseillons de récolter pas trop sec, entre 15 et 18% d’humidité, et ensuite nous réalisons un séchage à 60°C en silos, ce qui permet de détruire efficacement les bruches. »

Les dernières gousses produites ont besoin d'eau pour bien se remplir. © O.Lévêque/Pixel6TM

Une fois récoltées, les féveroles seront valorisées au sein de l’unité de fabrication d’aliments Bienaimé à Mauléon. « Nous anticipons les évolutions des chartes des laiteries qui imposeront de ne plus avoir de soja importé dans les années à venir », termine Luc Bienaimé.

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