Anticiper les maladies pour éviter de perdre du pois en été

L’anthrachnose (aschochytose) est sans doute la maladie la plus préjudiciable. Elle est provoquée par les champignons du genre Ascochyta. Cette maladie n’épargne ni le pois de printemps, ni le pois d’hiver. Credit happyculteur/Adobe Stock

La météo a joué les prolongations cette dernière campagne et a pénalisé les cultures de pois protéagineux. Malgré tout, ces cultures sont des alliées agronomiques précieuses à condition de bien gérer les maladies.

La production de pois protéagineux progresse. Avec une sole d’environ 200.000 hectares à l’échelle nationale, le volume atteint, pour cette campagne, les 650.000 tonnes. Selon Agreste, les services de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture, la production de protéagineux (pois + féverole) serait en hausse de 18,4% par rapport à 2020 et de 12,1% par rapport à la moyenne quinquennale. Pour la campagne passée, le rendement moyen de la culture s’établit à 33q/ha. Si les débuts de cycle ont été relativement satisfaisants, les épisodes de sécheresse au printemps et de gel ont entamé le potentiel, tout comme les pluies estivales qui ont favorisé les maladies de fin de cycle. La culture est souvent plébiscitée par les producteurs, car elle est reconnue comme l’un des meilleurs précédents pour les cultures de blé et de colza. De plus, elle permet de faire quelques économies d’unités d’azote et, dans le contexte actuel, cet argument est loin d’être négligeable.

L’anthracnose, la plus préjudiciable

Comme toute culture, le pois trimbale son cortège de maladies plus ou moins préjudiciables. Il faut, à cet égard, distinguer les maladies aériennes des maladies du système racinaire. Il fut un temps où les producteurs craignaient principalement Aphanomyces euteiches, "un pathogène tellurique qui s’exprime le plus souvent sous forme de foyers dans lesquels les plantes sont nanifiées ou jaunissantes", rappelle l’institut technique Terres Inovia dans sa publication "Pois - guide de culture édition 2021". Par rapport à ce risque, l’institut propose un outil d’aide à la décision pour l’évaluer et l’anticiper, sur la base d’un certain nombre d’informations (département, historique de la parcelle par rapport au pois, type de sol, irrigation). L’outil, baptisé Eva, permet alors de classer les parcelles en fonction du risque. Selon les résultats, des tests de potentiel infectieux peuvent être réalisés à partir d’échantillons de sols. Grâce à ces deux approches, le risque Aphanomyces euteiches, contre lequel il n’existe aucun traitement, est devenu au fur et à mesure des années moins pénalisant pour les producteurs, dans la mesure où ces derniers peuvent en amont préserver l’état sanitaire de la parcelle.

Concernant les maladies aériennes, l’anthrachnose (aschochytose) est sans doute la maladie la plus préjudiciable. Elle est provoquée par les champignons du genre Ascochyta. Cette maladie n’épargne ni le pois de printemps, ni le pois d’hiver. Elle se manifeste par l’apparition "de nécroses violacées à brunes à la base des tiges et de ponctuations de couleur brun foncé sur les feuilles et les gousses qui évoluent en nécroses", rappelle le guide de Terres Inovia.

Soigner l’implantation

Les périodes les plus sensibles à l’apparition de la maladie sont les stades de floraison. Les mois de mai et juin sont en effet les plus propices, quand les températures et le taux d’humidité sont susceptibles d’être élevés. Des solutions fongicides sont disponibles et il est préconisé d’intervenir dès la sortie de l’hiver (pour les pois d’hiver) quand la maladie est précoce (stade 10-12 feuilles) ou au stade début floraison en année normale. Terres Inovia précise qu’une deuxième intervention peut être nécessaire en fonction de l’évolution de la maladie. Concernant le pois de printemps, il est conseillé d’attendre le stade début de floraison.

Autre élément de lutte pour limiter la sévérité de la maladie, c’est de bien réussir son semis. Un semis d’hiver trop précoce (avant le mois de novembre) fait prendre le risque d’avoir une plante trop développée en sortie d’hiver et donc plus sensible à l’apparition de ce type de maladies et des bactérioses en général. Pour François Cuvelier, ingénieur recherche et développement pour Agri-Obtentions, la consigne est de semer les pois d’hiver après les céréales à paille. Et concernant les semis de printemps, il faut attendre que le sol soit bien ressuyé. Autre élément de vigilance, la densité: "Semer trop dense contribue à créer les conditions d’un microclimat favorable au développement des maladies aériennes", explique François Cuvelier.

Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que les solutions chimiques visant à contrôler l’anthracnose suffisent en général à contenir les attaques de botrytis (pourriture grise sur les pétales, puis sur les gousses, ou à l’échelle des feuilles), et préviennent aussi des risques de sclérotinose, plus rares, sauf dans le cas de rotations avec des oléagineux.

La lutte chimique fait partie des solutions, mais il ne faut pas négliger les approches agronomiques susceptibles de minimiser les risques. Il faut aussi éviter un retour du pois trop fréquent dans la parcelle, et veiller à une qualité des semences irréprochable.

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