Chartres Métropole dresse un premier bilan de son PSE

Healthy growing crop of sorghum near San Antonio, Texas

Conscients que la ressource en eau pourrait venir à manquer, les agriculteurs, autour de Chartres Métropole, changent leurs habitudes, aussi bien en matière d'intrants azotés que de cultures, avec désormais, le sorgho. 

Crédit photo Faina Gurevich/Adobe Stock
Lancé en 2020 avec les services de l'État, le programme de paiements pour services environnementaux (PSE), axé principalement sur l'azote, permet à 34 agriculteurs du territoire de recevoir un total de 500.000 euros par an sur 5 ans pour leurs efforts en faveur d'une meilleure qualité de l'eau.

Chartres Métropole a choisi la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars, pour mettre en avant l'initiative qu'elle a prise en 2020, dans le cadre du programme mis en place en 2019 par le ministère de la Transition écologique et les agences de l'eau, visant à rémunérer les services environnementaux rendus par les agriculteurs et à les inciter à une meilleure performance environnementale.

Si les environs de l'agglomération d'Eure-et-Loir comptent quelque 30.000 hectares exploités en production agricole par près de 400 agriculteurs, 34 d'entre eux participent à l'opération (sur un peu plus de 1.000 hectares, ou 20 % de la surface totale de leur ferme, selon les conditions annuelles du dispositif).

« Alors que nous avons un grand nombre d'agriculteurs près de la retraite, nous avons sollicité les plus jeunes, qui seront encore sur l'exploitation à l'avenir », indique Alain Bellamy, vice-président de Chartres Métropole, délégué à l'eau potable et à l'assainissement. De fait, le programme court sur 5 ans.

Si la métropole a profité de l'occasion donnée par l'État pour agir, c'est aussi qu'elle en avait besoin. « À la suite d'études, nous avions constaté de fortes teneurs en nitrate : plus de 50 mg/l [sachant que la limite de nitrates établie par l'OMS est de 50 mg/l pour que l'eau soit considérée comme potable, NDLR], explique Alain Bellamy. Nous devions donc diluer l'eau distribuée aux administrés grâce à des zones de captage moins touchées ou procéder à des opérations – coûteuses – de dénitrification. »

Agir sur les intrants azotés

Le programme de paiement pour services environnementaux (PSE) s'est donc concentré sur les intrants azotés, qu'il fallait réduire, et, dans une moindre mesure, sur l'emploi des produits phytosanitaires. Car si les deuxièmes sont avant tout dangereux pour la santé humaine, les premiers le sont pour les écosystèmes des rivières.

« La réduction des intrants azotés signifie aussi des rendements plus faibles, et donc des revenus moindres, d'où le PSE, qui compense auprès des agriculteurs qui font des efforts cette perte de revenus, tout en stimulant leur démarche environnementale », ajoute-t-il.

Des critères à atteindre

Chartres Métropole s'occupe de l'aspect administratif. En fonction d'une série de critères, dont l'atteinte est contrôlée deux fois par an par l'État, puisque les fonds déboursés sont publics, les exploitants participant à l'opération peuvent ainsi bénéficier de sommes de 100 à 600 euros l'hectare, payées par l'agence de l'eau.

À cet égard, Alain Bellamy regrette le retard pris par l'administration. Les paiements, qui devaient intervenir à la mi-décembre, ont été effectués en mars.

Déjà, une stabilisation des taux de nitrate

Toujours est-il que le système, hormis cet écueil, semble donner satisfaction. Certes, il est encore trop tôt pour constater une diminution claire des teneurs en nitrate dans l'eau de la métropole, et un bilan après 5 ans sera évidemment effectué.

« Mais au moins, les premières études montrent que la teneur en nitrate n'augmente plus. Par ailleurs, en la quantifiant dans nos forages, nous avons également constaté que 80 % des nitrates présents étaient souvent vieux de 25 ans. Ils datent donc de l'époque où la sensibilisation sur ce problème n'existait pas », indique le délégué à l'eau potable et à l'assainissement.

Recruter de nouveaux acteurs

Il espère que la communication menée par la métropole sur son programme permettra d'inciter d'autres agriculteurs à y participer.

« Si nous en avions une cinquantaine au total, ce serait une belle avancée », dit-il. Et bien sûr, il souhaite que l'État renouvelle à l'avenir le PSE tous les 5 ans.

Changement dans les rotations

D'ores et déjà, non seulement les exploitants impliqués dans le PSE de Chartres Métropole ont fait des efforts sur les intrants azotés et l'utilisation de produits phytosanitaires, mais en plus, ils ont changé leurs habitudes de culture en général.

La chambre d'agriculture les accompagne dans leurs décisions, pour faire en sorte qu'en mesurant les reliquats azotés après la récolte, en entrée et en sortie d'hiver, les rotations des cultures prennent ces résultats en compte, afin que, si une culture dépose beaucoup d'azote, par exemple, la suivante vienne la piéger.

De nouvelles cultures privilégiées

Enfin, de manière encore plus large, et alors que la métropole a lancé un programme Résilience 2050 en ressources en eau potable, les agriculteurs, conscients que celle-ci pourrait venir à manquer, privilégient, du tournesol au sorgho et au miscanthus, des récoltes moins traditionnelles (colza, épeautre, sarrasin, pois...) que par le passé dans la région.

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