CO2 : la solution contre les campagnols ?

Bâtonnet de glace carbonique dans trou de campagnol. © APM Deshy

Les producteurs de luzerne sont comme beaucoup d’autres confrontés aux infestations de campagnols. Coop de France Déshydratation s’est donc mobilisé sur la question. Face à cet enjeu, la profession a demandé et obtenu une autorisation de mise en marché dérogatoire pour une nouvelle méthode de lutte.

Le 3 février dernier, Coop de France Déshydratation a présenté ses travaux de recherche et développement à l’intention d’une centaine d’agriculteurs et techniciens de coopératives réunis à Châlons-en-Champagne.

Parmi les thématiques abordées, l’une a de quoi fortement intéresser les producteurs de luzerne confrontés à une progression constante des infestations de campagnols. La profession a en effet obtenu une autorisation de mise en marché (AMM) dérogatoire pour des bâtonnets de glace carbonique à -80°C. La lutte consiste à introduire 2 bâtonnets (18 mm de diamètre par 100 mm de long) dans les galeries. Le rongeur meurt par asphyxie en raison de la libération de CO2 par effet de sublimation. La méthode semble n’avoir aucun impact sur la faune secondaire (prédateurs des campagnols).

L’AMM est valable à titre provisoire jusqu’au 24 mars 2016. Mais attention, elle n’est valable que pour un usage sur luzerne. « Contrairement à l’AMM classique demandée par la firme qui commercialise, une AMM dérogatoire est demandée par une profession et l’administration réduit par principe son usage aux cultures de la profession demandeuse. Mais d’autres demandes professionnelles seront peut-être déposées à l’avenir pour que cette méthode puisse être testée sur d’autres cultures », explique Romain Joya, ingénieur à Coop de France Déshydratation. Dans l’AMM, la dose d'emploi est fixée à un maximum de 20 g par trou isolé et 60 g par trou dans une zone minée, soit environ 5 bâtonnets. L’utilisation est limitée à deux applications par campagne.

Glace carbonique disposée dans trou de campagnol. © APM Deshy

Quant à l’efficacité, les premiers tests sont encourageants mais il est trop tôt pour conclure. « Nous n’avons pu utiliser cette méthode qu’à la fin de l’automne et cet hiver. Il reste beaucoup de chose à caler sur les modalités de mises en œuvre, l’efficacité sur les différentes espèces de campagnols et il faut aussi comprendre quel est l’effet réel. Les rongeurs sont-ils asphyxiés ou simplement poussés à se déplacer ? », commente Romain Joya.

Pour tenter d’aller plus loin, Arvalis Institut du Végétal expérimente déjà l’usage de cette glace carbonique. Les premiers résultats concluent également à la nécessité d’affiner la méthode d’application. La fermeture de toutes les entrées par des monticules de terres semble une condition d’efficacité. Pour autant, les premières observations mettent en évidence une efficacité du CO2 solide sur campagnols des champs, avec une faible apparition de nouvelles galeries dans la semaine qui suit l’application. Dans le cas d’une forte infestation, l’effet semble cependant peu persistant au-delà de ce délai.

Dans tous les cas, l’emploi de glace carbonique semble donc plutôt destiné à la lutte en début d’infestation pour des questions d’efficacité mais aussi de coût et de temps nécessaire à l’application. Au-delà d’un certain nombre de trous, l’opération semble peu réaliste.

Le produit est commercialisé par la société Yara sous le nom de Myodox. Plus connue en agriculture pour ses engrais, cette société est en effet également spécialiste du dioxyde de carbone notamment à destination de l’agroalimentaire pour les boissons.

Si cette nouvelle technique fait ses preuves, gageons qu’elle attira l’attention au-delà des producteurs de luzerne…

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