"En France, on n'a pas de pétrole, mais on a du blé"

Photo : h.sauvage/pixel_image

La comparaison entre les ventes de blé et les ventes de rafales ou d’Airbus A320, c’est devenue une habitude dans le jargon des observateurs du monde agricole et des responsables syndicaux. Mais la question est de savoir "pourquoi commente-t-on autant les ventes de rafales, tandis que l’on vend l’équivalent en blé de deux A 320 par semaine et de quelques dizaines de rafales par an ?", s’interroge Sébastien Abis, administrateur au secrétariat général du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) et chercheur associé à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques).

Le blé serait donc moins glamour que les rafales ou les A 320? Et pourtant "le blé est un concentré d’histoire et de modernité, et au cœur des enjeux stratégiques de la planète", écrit Sébastien Abis en préambule de son ouvrage Géopolitique du blé, un produit vital pour la sécurité mondiale à paraître le 1er juillet 2015. Un constat valable depuis la nuit des temps.

En effet, il rappelle combien à l’évidence, l’agriculture n’est pas démodée en 2015.

"L’insécurité humaine est basée sur l’insécurité alimentaire et territoriale. Le blé est vieux comme le monde, (- 9500 ans av. J.C.) et à toutes les époques il a été au cœur des enjeux de civilisations."

En effet, dans son ouvrage, nombreuses sont les références historiques, depuis l’Antiquité jusqu’à l’histoire moderne et contemporaine qui illustrent qu’à chaque époque le pain – et donc le blé  achète la paix sociale.

Le blé : un pouvoir stratégique

Stratégique aussi au vu des déséquilibres géographiques entre production et consommation qui constituent des fragilités à la sécurité alimentaire mondiale, explique t-il : 

"85 % des volumes de blé mondiaux sont produits dans10 États tandis que 40 % de la population mondiale est concentrée dans 3 pays (Chine, Inde et Indonésie). Soulignons aussi  l’hyperdépendance des pays du Moyen-Orient qui représentent 1/3 des importations mondiales."

Autant de chiffres qui rappellent combien la capacité d’un pays à produire (et surproduire) du blé constitue un pouvoir stratégique absolu.

Sur les 700 millions de tonnes produites dans le monde environ 160 millions tonnes sont destinées aux échanges mondiaux, soit un marché de 50 milliards de dollars. Et Sébastien Abis de rappeler "qu’entre 1998 et 2013, la consommation a été supérieure à la production une année sur deux".

L’Europe et la France jouent un rôle immense dans ce marché "la construction européenne s’est faite sur la politique agricole commune, l’élargissement de l’UE à l’Est a permis de doubler le potentiel agricole de l’Europe. L’agriculture est un aspect majeur de l’influence mondiale de l’UE", insiste le spécialiste. Alors "en France on a pas de pétrole mais on a du blé", et Sébastien Abis de conclure :

"Le blé est un des éléments permettant à la France de participer activement aux dynamiques de la mondialisation. Le blé est un véritable instrument de la diplomatie à l’international."

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